Domène 2050 et le CPN Curieux de Nature ont organisé une sortie “Sauvages de ma Rue” à Domène pour découvrir les toutes premières fleurs printanières. Elle s’est tenue pour partie rue Jean Jaurès le long d’un mur face à la résidence La Moulinière et pour partie au parc Reynier-Prat où les plates bandes resplendissaient de fleurs.
Nous étions 11 pour cette première sortie de l’année. Déjà à nos pieds, le bleu lumineux des Véroniques de Perse, malgré la petitesse de leurs fleurs, retenait le regard.
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Véronique de Perse |
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Fleur avec ses 2 étamines |
Dans “la fleur, un grand malentendu”, Marc André Selosse explique que les insectes visitent les fleurs pour se nourrir tandis que les plantes cherchent à se reproduire. Les insectes sont attirés par le pollen et le nectar des fleurs. Le pollen brouté n’est plus disponible pour la reproduction mais il en reste toujours pour les plantes qui ont de nombreuses étamines. Anthères et pollen sont naturellement jaunes et on constate que les fleurs qui ont peu d’étamines, comme les véroniques qui n’en ont que deux, ont une teinte plus sombre qui les masque et les rendent peut être moins attirantes pour les insectes.
Le pied du mur, rue Jean Jaurès, disparaissait sous une multitude de plantes qu’on devinait grâce à leurs inflorescences telles des Céraistes, de la Mâche et bien sûr de nombreuses Cardamines hirsutes qui brandissaient leurs siliques tels des étendards.
Ces dernières sont de la famille des brassicacées qui étaient autrefois appelées crucifères. Elles ont 4 pétales en croix et 6 étamines dont 2 petites.
Ce sont des plantes comestibles. Cependant soyons prudents face aux plantes sauvages. Assurons-nous qu'elles ne sont pas soumises à diverses pollutions telles que les pollutions automobiles, les déjections animales ou les pesticides. Soyons aussi tout à fait sûr de bien les reconnaître !
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Grappe de fleurs de la Cardamine et les siliques des premières fleurs fécondées |
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Feuille composée de la rosette de Cardamine |
Un peu plus loin nous avons reconnu des pieds de Mercuriales annuelles. Elles étaient déjà présentes en avril dernier. Ce sont des plantes dioïques qui ont donc des pieds mâles et des pieds femelles, les mâles reconnaissables à leurs épis de minuscules fleurs jaunâtres. Ce sont des plantes toxiques de la famille des euphorbiacées. Contrairement aux euphorbes, elles n’ont pas de latex. Leurs fruits sont hérissés de poils crochus qui s’accrochent aux poils des animaux ou aux bas de pantalon. Leurs graines contiennent aussi un élaïosome, une petite excroissance, dont les fourmis raffolent et qui participe aussi à la dissémination des graines loin du pied mère.
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Mercuriale mâle |
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Chaque petite fleur est composée de 3 sépales et plusieurs étamines |
Les Cymbalaires ornaient le mur de leurs guirlandes de fleurs. Elles ont été consommées par le passé et utilisées pour soigner la gale et le scorbut. Elles ne le sont plus de nos jours. Leur famille est celle du plantain et des véroniques bien que ces plantes ne se ressemblent guère.
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Cymbalaire des murs |
Le Plantain avec ses fleurs si discrètes est pollinisé par le vent. Il ne produit pas de nectar mais il attire des insectes brouteurs de pollen.
Des Oxalis aux feuilles vertes ou pourpres étaient aussi en fleurs.
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Oxalis corniculé |
Les Séneçons communs fleurissent presque toute l’année. Ils sont de la famille du pissenlit, les astéracées. Leurs fleurs sont en fait des inflorescences composées de minuscules fleurons tubulés (en forme de minuscules tubes). Ce sont des plantes toxiques.
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Capitules de Séneçon |
Au parc les parterres étaient couverts de fleurs. Là, s’épanouissaient de nombreuses Violettes, des violettes blanches, des violettes des bois, des violettes odorantes, des Ficaires, des Véroniques, des Primevères acaules.
La Violette des bois a une rosette de feuille à la base et une tige feuillée qui porte les fleurs. Les sépales sont pointus et le style est poilu. Elle n’a pas d’odeur.
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Sépales aiguës de la Violette des bois |
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Style poilu |
En ce moment, les Ficaires illuminent le printemps de leurs magnifiques fleurs jaunes aux pétales nombreux. Leur famille, les renonculacées, est une famille qui a près de 100 millions d’années et s’est beaucoup diversifiée. Ses membres sont des plantes toxiques dont fait partie l’aconit. Les ficaires sont des plantes vivaces grâce aux petits tubercules de leurs racines. Elles sont une source de nectar et de pollen pour les premiers insectes. Les parties aériennes disparaissent à la fin du printemps. Avant leur disparition, certaines ficaires produisent des bulbilles à l’aisselle de leurs feuilles, petits bulbes qui germeront au printemps suivant.
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Tapis de Ficaires |
Les Primevères acaules n’ont pas attendu le printemps pour fleurir. Ce sont des plantes vivaces hétérostylées. Certaines ont des styles longs dont on aperçoit le stigmate en haut de la corolle et d’autres des styles courts. Pour celles-ci, ce sont les étamines que l’on aperçoit. Les pollens de ces deux types de plantes sont différents. Cela privilégie la fécondation croisée et cela permet d'éviter la consanguinité. Les graines des primevères ont aussi une petite excroissance charnue qui attire les fourmis.
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Style court, on voit les étamines |
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Style long, on voit le stigmate |
Notre bref regard sur le parc s’est terminé par un Bugle. Sa famille, les lamiacées, est facile à reconnaître et très homogène. Les plantes ont en commun une tige à section carrée, des feuilles opposées qui à chaque nœud tournent de 90°, des fleurs à 2 lèvres et ont 4 fruits, des akènes, on parle en botanique de tétrakènes.
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Bugle |
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Une de ses nombreuses fleurs a bien voulu poser pour nous |
Le bugle est très poilu et la lèvre supérieure de ses fleurs, très réduite, laisse apparaître les étamines. Les lamiacées - dont le thym, les menthes font partie - sont des plantes aromatiques qui attirent les hommes et les butineurs dont de nombreux papillons. Le bugle est une plante comestible et médicinale. Ses jeunes feuilles ont été consommées par le passé mais ne le sont plus. Les têtes fleuries et séchées peuvent être consommées en tisane.
Et pour terminer, un petit jeu de TelaBotanica: "Bota pour un champion"
Anne Marie et Benoît
Que de découvertes botaniques sauvages quand on prend le temps de regarder autour de soi, avec une belle moisson photographique.
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