Affuts au blaireau des 1er et 2 juin 2023

Blaireau (photo : Vincent Dobremez)

Pour notre CPN, c'est une première.

Il fallait d'abord trouver un terrier respectable proche de notre territoire et accessible. L'un d'eux se trouve dans un sous-bois communal qui satisfait à ce critère.

Le terrier est manifestement ancien avec de nombreuses entrées donnant certainement accès à différentes chambres mais l'une d'elles porte une très belle coulée, de la terre fraîche...

 La seconde difficulté réside dans le point d’affût. L’exiguïté de ce sous-bois ne favorise pas la prise de distance, ce qui constitue un risque évident de détection de la part de cet animal à l'odorat très fin, même en se plaçant vent contraire.

Tentés tout de même, Christian, Laurent et moi avons tenté l'expérience durant deux soirées consécutives.

L'approche est ludique. Le but est, dans un sous-bois touffu couvert de lierres rampants, de  poser son pied à terre sans briser les nombreuses branches mortes s'y cachant pour diminuer autant que faire se peut le bruit de nos pas et consentir au silence total ou presque... même avec son compagnon de sortie !

Vient ensuite le temps du siège. Il s'agit là de trouver l'emplacement propice à la vue sur le terrier mais aussi au confort de l'assise sur un sol bienveillant permettant de rester quasiment immobile pendant les 60 à 120 minutes qui suivront. 

Puis enfin le temps de la patience et de l'écoute. Avant que n'apparaisse, peut-être, le fruit de notre attente que nous fixons obstinément comme un Graal,  le sous-bois silencieux semble immobile et pleins de secrets inattendus. 

J'observe longuement un lapin de garenne venu sur ma droite dans la pénombre. Il disparaitra soudainement d'un bond. Un micro-mammifère traverse si vite devant nous qu'il nous sera impossible de l'identifier. A ma gauche, le long du tronc sur lequel je me suis adossé, alors que le jour tombe, deux énormes insectes xylophages parcourent l'écorce. Au dessus de nous, des guêpiers tournoient tandis que plus loin, des dizaines de corbeaux freux s'égosillent. L'orage tonne. Et si la pluie semble inonder la plaine, là où nous sommes, elle atteint à peine le sol. Au moins sommes nous à l'abri.

Avec le temps, je m'imagine en paresseux, contraint à l'immobile et aux mouvements lents, même de la tête. Cela change la perception.

La pénombre envahit le sous-bois. Le crépuscule n'est pas loin. Une chouette hulotte manifestement présente avant notre arrivée à quelques mètres de nous entame quelques brefs cris puis se tait. Juste avons nous le temps de la reconnaître. 

De ces deux soirées consécutives, nous ne verrons pas apparaître l'hôte convoité. Trop rusé ou peu pressé de sortir du terrier protecteur avant la nuit ou pendant l'orage. Il aura attendu notre discret départ ou le lever de la pleine lune qui illumine la plaine à notre retour. 

Rien pourtant dans mon pas, ni dans ma tête ne m'inspire la déception mais plutôt le respect.

Eric

 





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire