La sortie (rituelle) du CPN du rut des bouquetins a eu lieu ce dimanche 17 décembre 2023 du côté de St-Michel-de-Maurienne (Savoie), sous un magnifique ciel bleu. Enfin du soleil après deux semaines de pluie et d'inondations. Après une bonne heure de route (c'est l'inconvénient) à deux voitures, nous arrivons tous les neuf sur site un peu après 11 heures. La montée est tranquille, l'ambiance agréable, le paysage époustouflant.
La falaise s'approche rapidement, de même que la grande prairie où se trouvent habituellement les bouquetins, mais là, rien ! Une fois sur place, il faut se rendre à l'évidence : ils ne sont pas au rendez-vous. Nous voyons, à force de chercher, un bouquetin très éloigné, isolé, mais rien de plus. Des naturalistes et photographes qui redescendent nous confirment cela, par contre ils ont fait de magnifiques observations ce matin tôt. Raté, nous ne nous sommes pas levés à temps !
Mais puisque nous sommes là, nous persistons, et très rapidement, ce sera le festival. Cela commence par un gypaète barbu juvénile, bien foncé, la tête entièrement noire, fauve sous le poitrail, une tâche claire bien visible sur le haut du dos ... rien à voir avec un adulte ! Il fera de longs allers-retours, survolant les pentes herbeuses, frôlant les falaises rocheuses.
Un peu plus tard un petit rapace se pose au sommet d'un pic rocheux, assez loin. Aux longues vues, nous identifions clairement un faucon pèlerin : magnifique. Il restera longtemps sur son perchoir.
Puis les passages vont se succéder. Encore un gypaète : nous distinguerons clairement qu'il s'agit d'un autre individu, un immature de 1ère ou 2ème année.
Un grand vautour arrive, entièrement noir hormis pattes, bec et le long des joues, de grandes ailes largement digitées, une queue courte mais cunéiforme. Ce n'est pas un vautour fauve, mais bien un moine. C'est une première pour plusieurs d'entre nous. Il restera longtemps et nous pourrons l'observer à loisir.
Une chose incroyable se produit alors.
Un gypaète apparaît, les deux rapaces sont proches l'un de l'autre, et un bouquetin mâle, majestueux, se met à les observer. Les rapaces s'approchent progressivement, si bien que l'on arrive à les voir tous les trois ensemble aux longues-vues (cf. photo). Cela restera un moment inoubliable.
De même que le lâcher en vol d'une portion de colonne vertébrale par un gypaète, qui atterrit quelques instants plus tard, reprend son vol, et recommencera.
Nous verrons aussi, de plus loin, un gypaète adulte et deux grands corbeaux qui paraissent bien petits à côté du vautour moine. Pendant la pause repas, heureux hasard, nous croisons Serge Risser de la LPO accompagné de deux personnes, présents depuis ce matin eux aussi. Ils décident de partir à gauche, nous à droite.
En cherchant bien, nous verrons trois bouquetins au loin, dans les pentes rocheuses au dessus, mais rien de plus. Nous apprendrons que Serge a lui observé deux mâles en rut qui se sont affrontés, sont partis boire ensembles, avant de s'affronter de nouveau. En matière de bouquetin, la seule observation sympa sera celle d'un mâle qui est passé dans les falaises, ce matin-là.
Nous redescendons tranquillement quelques temps après, le soleil commence à disparaître derrière la montagne. Nous sentons la fraîcheur prendre rapidement le dessus.
Le lendemain, sur une de ses photos, Serge verra que le vautour moine portait une bague marquée JFS à la patte gauche, indiquant qu'il serait né dans les gorges du Tarn en 2021. Pas tout à fait la porte d'à côté. Le bilan de la journée est donc exceptionnel et la relative absence de bouquetins largement compensée par des observations multiples et rares de rapaces.
Merci au CPN pour ces découvertes !
Texte de Vincent Roca - Photos de Charlotte Darque & Vincent Roca.
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