Les réponses aux photos mystères (13)

 Voici les réponses aux photos mystères publiées en septembre dans notre blog.

Photo 1 : Vu sous cet angle, il n’était pas si facile d’identifier cet oiseau. Mais, comme le note un lecteur anonyme dans son commentaire, "l’oiseau est sur un arbre et cela semble bien son élément". Le front clair et la calotte noire sont nets et on devine aussi un long bec pointu. Ces caractères suffisent pour identifier le pic épeiche (car les autres pics, syriaque et à dos blanc, présentant des caractères analogues ne sont pas présents en Isère ; quant au gobemouche noir, d’allure différente, il n’aurait pas de taches noires à la base du cou).
Evidemment, avec la photo ci-dessous du même oiseau prise quelques instants plus tard, il était plus aisé de reconnaître le pic épeiche. Ici, il s’agit d’une femelle adulte (absence de tache rouge à l’arrière de la tête).

Pic épeiche femelle (photo : Benoît d’Halluin)

Le pic épeiche a besoin des arbres : il y trouve sa nourriture, il y établit son nid. Comme tous les pics, c’est un oiseau solitaire et assez individualiste. Ce n'est que pour la reproduction au printemps qu'il recherche et tolère un partenaire, le temps de mener à bien une nichée unique. Ensuite chacun repart à sa solitude. Le pic épeiche a un régime alimentaire très varié. À la belle saison, la part animale prédomine. Il recherche activement les larves xylophages d'insectes tels que les longicornes ou les scolytes qu'il extirpe du bois avec son bec et sa langue. Il s'attaque aussi aux fourmilières et capture une très grande variété d'insectes et leurs larves, comme les chenilles de lépidoptères. Il peut s'attaquer occasionnellement aux couvées ou aux nichées d’autres espèces cavernicoles comme les mésanges. À la mauvaise saison, tout en restant insectivore par le biais des larves du bois, il devient nettement granivore, recherchant les grosses graines riches en lipides comme les graines de conifères, les faînes, les graines de charme, les noix et les noisettes et, sur les points de nourrissage, les graines de tournesol (source : https://www.oiseaux.net/).

Photo 2 : L’indice proposait de s’intéresser à la feuille : elle est de forme allongée et les bords sont dentés, ce qui oriente le choix vers un orme (mais il est vrai qu’on ne voit pas sur la photo la dissymétrie à la base de la feuille). Et l’insecte qui semble se régaler de ses feuilles et qui lui est inféodé, c’est la galéruque de l’orme (Xanthogaleruca luteola) qui appartient à la famille des coléoptères et, plus précisément, aux chrysomèles (d’après Wikipédia, l'étymologie grecque du mot chrysomèle vient de chrysos "doré", et melolanthion "hanneton", signifiant littéralement "coléoptère doré").

Galéruque de l’orme – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy (photo : Gilles Carcassès)
Comme le souligne Gilles Carcassès dans son blog (BLOG Gilles Carcassès), "la larve de cette espèce broute le dessous des feuilles en épargnant les nervures et l’épiderme supérieur. D’autres galéruques, comme celle de l’aulne, font de semblables dégâts : les adultes trouent les feuilles et les larves en font de la dentelle. [La galéruque de l’orme] est une espèce connue pour ses pullulations cycliques. Lorsque les populations de cette galéruque sont très importantes, les ormes défeuillés se trouvent affaiblis. Ils sont alors plus sensibles aux attaques des scolytes. Ceux-ci en mordant les branches de l’arbre favorisent les infestations par le champignon responsable de la graphiose. C’est lui qui fait mourir les ormes".


Photo 3 : cet arbre magnifique est un ginkgo biloba, appelé aussi arbre aux quarante écus. On comprend pourquoi quand on voit la couleur des feuilles à l’automne. Quant au qualificatif "biloba" (deux lobes), il est clair quand on regarde le détail d’une feuille sur la photo ci-dessous (ces feuilles en forme de palmes, regroupées en petits bouquets, n'ont pas de nervure centrale et présentent généralement deux lobes distincts).

Feuilles de ginkgo biloba (photo : Benoît d’Halluin)

Ce ginkgo, photographié par Françoise Suarez (merci !), fait partie des arbres remarquables de l’Isère. Il serait le n°1 du département de l’Isère avec 4 mètres de circonférence et ses branches très rectilignes : il se trouve aux anciennes pépinières Ginet à Gières et est bien visible au bord de la route du Docteur Valois (LIEN). Il s’agit d’un pied mâle car le ginkgo est un arbre dioïque. Le ginkgo, qui fait partie des gymnospermes (comme les résineux), est un arbre très original : dernier représentant d'une famille apparue il y a plus de 270 millions d'années (et qui a connu les dinosaures !), le Ginkgo biloba peut vivre plus de 1 000 ans (LIEN MNHN).

A bientôt pour un nouvel article de photos mystères et insolites,

Laurent

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire