Sortie "Sauvages de ma Rue" - 31 Mai 2025 au Versoud

 Domène 2050 et le CPN Curieux de Nature ont organisé une sortie “Sauvages de ma Rue” au Versoud. Elle s’est tenue pour partie sur la rue du 14 juillet 1789 face à la mairie et au pied d’un arbre rue des Deymes. La sortie devait se poursuivre sur le chemin piétonnier qui donne sur la rue Anatole France où s’épanouissaient des myosotis, des compagnons blancs, des chélidoines … mais qui venait hélas juste d’être fauché.

Nous étions 15 personnes face à un joli parterre fleuri où les élégants panicules de nombreuses poacées (graminées) dansaient sous le souffle léger du vent. Ils opposaient leur beauté éthérée aux espaces uniformes qu’avaient laissés les tondeuses.

La famille des poacées (graminées) celle des pâturins, du blé, du riz … est une famille relativement récente parmi les plantes à fleurs (angiospermes) et serait datée d’environ 90 millions d’années. Leurs minuscules fleurs, adaptées à la fécondation par le vent, sont réduites à l’essentiel. Elles sont groupées en épillets, eux-mêmes groupés en épi, en grappe ou en panicule (grappe de grappes).

Fromental (Arrhenatherum elatior)

Fleuron de poacées - d'après "Connaissances botaniques de base en un coup d'œil"

A leurs pieds les corolles jaunes des lotiers corniculés s’épanouissaient. Comme la majorité des membres de leur famille, les fabacées, leurs racines abritent des bactéries capables de fixer l’azote atmosphérique. C’est une symbiose où la plante offre le gîte et le couvert en échange de composés azotés. Les jeunes boutons des lotiers et les fleurs passées sont lavés de teintes orangées qui les signalent aux pollinisateurs comme dépourvues de nectar (Les goûts et les couleurs du monde - Marc André Selosse). Comme chez les myosotis, ces signaux colorés, fruit de la coévolution des plantes et des insectes, sont profitables aux plantes et aux insectes.

Lotier corniculé (Lotus corniculatus)

De nombreux pieds de plantain lancéolé dressaient vers le ciel leurs inflorescences aux fleurs discrètes. Leurs petitesses signent une pollinisation par le vent (anémogamie). La maturité des organes mâles et femelles, espacée dans le temps, favorise la pollinisation entre des individus différents. Le plantain est d’abord femelle et peut recueillir du pollen puis mâle et produire du pollen qui pourra polliniser les pieds de plantain alentour.

Plantain lancéolé (Plantago lanceolata)

Mais que fait donc cette abeille sur cette inflorescence ? Attirée par le pollen, elle participe, bien malgré elle, aussi à la pollinisation.

Nous avons fait une pause sous un tilleul, avant de rejoindre la rue des Deymes.

Là, un pied d’arbre nous offrait une diversité incroyable de plantes. Beaucoup n’étaient plus en fleurs hélas telles que les myosotis ou les vesces. Des photos réalisées avant la sortie nous permettent heureusement de remonter le temps.

Vesce commune (Vicia sativa)

La vesce, comme le lotier, est une fabacée. Ses feuilles sont composées de plusieurs paires de folioles (petites feuilles) et terminées par une vrille ramifiée. A la base du pétiole, on trouve de toutes petites feuilles, des stipules, tachées de brun. Ces taches sont des nectaires extrafloraux. Le nectar qu’ils sécrètent attire les fourmis qui, en patrouillant sur la plante, la défendent contre des insectes phytophages ou des pathogènes. Admirons cette vesce qui consacre une grande partie des produits de la photosynthèse pour nourrir des bactéries fixatrices d’azote, des champignons mycorhiziens sur ses racines, des fourmis et des pollinisateurs.

Nectaire

Des fumeterres, des coquelicots étaient encore en fleurs. Ils sont de la même famille, les papavéracées.

Fumeterre officinale (Fumaria officinalis)

Coquelicot (Papaver rhoeas)

Cachées sous le feuillage, les petites fleurs rouges du mouron rouge attiraient le regard. Le mouron rouge et le mouron des oiseaux ne sont pas de la même famille. Le mouron rouge est toxique et le dessous de ses feuilles est parsemé de points noirs. Sa famille est celle des primulacées.

Mouron rouge (Lysimachia arvensis)

Des catapodes raides poussaient contre la bordure bétonnée. Ce sont de petites graminées rigides qui ne dépassent guère 30 cm.

Catapode raide (Catapodium rigidum)

Des rumex dominaient l’espace avec leurs grandes inflorescences. 

Rumex obtusifolius

Ils confient au vent leurs pollens pour assurer la pollinisation de leurs minuscules fleurs. Elles ont 6 tépales (on parle de tépales quand on ne peut pas différencier les sépales et les pétales). Les 3 tépales qui entourent l’ovaire ne tombent pas après la fécondation et forment 3 ailes autour du fruit, ils sont accrescents. Les fruits sont tout simplement magnifiques sous la loupe.

Fruits trigones

La famille du rumex obtusifolius est aussi celle de la rhubarbe, du sarrasin, des oseilles, les polygonacées. Le rumex obtusifolius est une plante bio indicatrice de sol tassé, engorgé. Sa puissante racine peut atteindre 2,50 m de profondeur et drageonner.

Le chemin piétonnier qui donne sur la rue Anatole France venait d’être fauché. Seul gisait au sol un compagnon blanc (Silene latifolia). Le long du mur bordant les propriétés nous nous sommes abrités du soleil et avons pu observer quelques rescapés, des chélidoines (chelidonium majus) et des aspleniums rue des murailles (Asplenium ruta-muraria) qui poussaient entre les pierres.

Le ruisseau du Versoud

Anne-Marie

Photos: Benoît d'Halluin

Bibliographie :

Sites

- Wikipedia

- Note de terrain

- Infloralhp

- Sauvages du Poitou

Livres

- Sauvages de ma rue

- Connaissances botaniques de base en un coup d’oeil

- Marc André Selosse : Jamais seul, les goûts et les couleurs du monde

- Flora Gallica



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire