Animations du CPN auprès des enfants du centre de loisirs de Domène en mai-juin 2025 (4/4)

Les enfants à la rencontre des martinets et des hirondelles et retour sur le hérisson au parc du Château Dodo

Nous avons la chance à Domène de disposer de colonies d’hirondelles de trois espèces différentes : les hirondelles de fenêtre, de loin majoritaires, les hirondelles rustiques, très localisées (chemin des Moissons), et les hirondelles de rochers qui sont arrivées récemment dans le centre-ville. Mais ces colonies demeurent très fragiles et la principale colonie, celle des hirondelles de fenêtre, est en net déclin. C’est la raison pour laquelle, en 2023, nous avons fabriqué avec des collégiens des nichoirs artificiels spécifiques à cette espèce qui ont été installés avec l’aide du service des espaces verts de la commune (voir LIEN nichoirs club Nature et LIEN nichoirs CLAS).

Quant aux martinets, ils sont souvent méconnus et confondus avec les hirondelles. Pourtant le martinet noir est commun et facile à voir durant les beaux jours à Domène. Son cousin, le martinet à ventre blanc (on l’appelait autrefois martinet alpin), est plus rare et on ne le voit guère qu’au passage en migration, du côté des tours des Charmettes qui lui rappellent peut-être les falaises montagneuses.

Il nous a semblé intéressant de faire découvrir aux enfants ces deux espèces protégées, les martinets noirs et les hirondelles de fenêtre, qui se sont adaptées aux milieux urbains. Au-delà de leurs traits communs (insectivores, grands migrateurs), nous avons présenté aussi leurs différences, en mobilisant les informations fournies par la LPO.

Pour le hérisson, il s’agit d’une sorte de retour aux sources : nous avons initié ces animations en octobre 2024 sur la découverte et la protection du hérisson (voir LIEN). Une question avait été évoquée par les enfants : comment être sûrs que les hérissons avaient profité des abris qui ont été installés pour leur permettre de passer l’hiver dans de bonnes conditions ? Alors nous avons enquêté…

A la rencontre des martinets et des hirondelles

En cette période de canicule (la séance a eu lieu le 25 juin 2025), il fallait privilégier les observations à l’ombre et éviter les efforts physiques. Ça tombe bien, pour voir des martinets et des hirondelles à Domène, pas besoin d’aller bien loin en sortant du Diapason !

Place Compagnie Stéphane, les martinets noirs sont au rendez-vous. D’abord difficiles à voir (ils peuvent voler à 1 000 mètres d’altitude lorsqu’ils chassent), ils se sont rapprochés et ont montré leur agilité en vol (ils peuvent atteindre 200 km/h sur de courtes distances) et ils ont fait entendre leurs cris stridents srii–srii-srii-srii.

Martinet noir, Domène, juin 2025 (photo : Benoît d’Halluin)

Leur anatomie et leur mode de vie ont été présentés : forme particulière au vol (des ailes en forme de faux et un corps très aérodynamique), de très petites pattes qui ne leur permettent pas de se poser sur un fil ou une branche, contrairement aux hirondelles. Ils passent l’essentiel de leur vie en l’air : ils dorment en l’air en faisant des vols planés, s’accouplent et se nourrissent en vol. Ils ne se posent que pour se reproduire, rampant avec leurs courtes pattes au fond de fissures ou de cavités dans les bâtiments ou de grands édifices (par exemple la mairie de Domène) pour y installer leur nid. Celui-ci est fait de tout élément léger que l'oiseau peut récolter en vol (plumes, herbes emportées par le vent, fils d'araignée, bouts de papier,... disposés en coupe et collés à la salive).

A Domène, on les observe à partir du 15-20 avril jusque fin juillet où ils partent en direction de l’Afrique et même jusqu’en Afrique du Sud .Ils peuvent ainsi faire plus de 10 000 km (à l’aller comme au retour). La migration leur permet de fuir les températures trop froides mais aussi de maintenir leur régime alimentaire spécialisé composé d’insectes volants.

Les couples sont formés pour la vie et restent fidèles au site de nidification choisi l’année précédente. Ils peuvent vivre une vingtaine d’années. Mais le martinet noir est une espèce en déclin en Europe et en France : leur population a chuté d’entre  60% et  70% entre 2001 et 2023 (source : https://www.vigienature.fr/fr/actualites/quelles-donnees-caracteriser-etat-biodiversite-3841).


Pour observer les hirondelles de fenêtre, nous n’avons pas marché bien loin. En effet, les derniers comptages effectués en juin 2025 par la LPO et le CPN montrent que les deux-tiers des nids occupés recensés à Domène se trouvent dans la rue Gustave Rivet et dans l’enceinte de l’école maternelle Gustave Rivet, à deux pas de la Place Compagnie Stéphane.

L’hirondelle de fenêtre, plus petite que le martinet, se distingue par son dessous blanc et surtout par son croupion blanc, faisant une sorte de fenêtre sur le dessus sombre de son plumage. A Domène, on l’observe à partir de début avril jusque fin septembre, où elle part en Afrique (au-delà du Sahara). C’est une colonie en fort déclin et très fragmentée (en-dehors du secteur Gustave Rivet). Il y a dix ans on comptait encore une centaine de nids occupés dans notre commune (27 nids seulement en juin 2025). Les menaces sont notamment liées à la disparition des nids (dégradation naturelle ou destruction volontaire). Le nid naturel est un amas de boue mélangée avec de la salive qui forme comme un ciment et possède juste une entrée étroite pour l’accès de l’oiseau. Ces nids sont installés à l’extérieur des bâtiments, le plus souvent sous un toit ou dans un recoin de fenêtre. Ils peuvent être occupés pendant plusieurs années. La longévité de l’hirondelle de fenêtre est estimée à 15 ans.

Après avoir montré des nids naturels, nous avons observé des nids artificiels et posé nos longues-vues pour permettre aux enfants de voir des jeunes hirondelles, dont la tête émerge parfois des nids, et des adultes venant au nourrissage.

Hirondelles de fenêtre (adulte et jeune) et nichoirs artificiels à Domène, juin 2022 (photo : Benoît d’Halluin)
La star de la journée, peut-être un peu malgré elle, est cette jeune hirondelle tombée du nid la veille au soir et recueillie et nourrie par Bernard Chaix. A sa demande, nous lui avons communiqué les coordonnées d’une personne compétente pour le conseiller sur les soins à donner à cette petite hirondelle pas encore tout à fait apte à voler.
Jeune hirondelle de fenêtre tombée du nid, 25.6.2025 (photo : Laurent Dobremez)

Si vous le souhaitez, vous pouvez accéder à un petit guide de reconnaissance des martinets et hirondelles présents à Domène et au Versoud en cliquant sur ce LIEN.

Après les oiseaux, place au hérisson

Tous les enfants se sont ensuite dirigés en sécurité vers le parc du château Dodo bien encadrés par le patou et la bergère, surnoms des animateurs du centre de loisirs lors des déplacements collectifs à pied.

Un bref résumé sur les martinets et les hirondelles, avant d’aborder le thème du hérisson (photo : Nathalie Hoc-Tarrajat)

Quelques enfants, déjà présents à l’automne dernier, se souvenaient du mode de vie du hérisson, des traces relevées à l’époque et des deux abris que nous avions fabriqués et installés avec eux. A présent, plus de risques de froid pour les hérissons ! Nous pouvions donc ouvrir les abris en procédant discrètement et doucement… on ne sait jamais…

Dans l’abri rustique, qu’il suffisait juste de soulever car il n’a pas de plancher, on peut se demander si l’observation d’un rond central de terre nue entouré de feuilles mortes ne correspondrait pas à la place occupée par un hérisson… En tout cas, il y a bel et bien un hérisson qui est passé tout près, le 27 mars, comme le révèlent les traces dans le tunnel posé par le CPN à proximité immédiate de l’abri.

Traces de hérisson près de "l’abri rustique", parc du Château Dodo, 27.3.2025 (photo : Laurent Dobremez)

Mais, le 27 mars, pas de traces de hérisson près de "l’hôtel 5 étoiles" et il ne semble pas non plus, après dévissage d’une planche du toit, qu’il y ait eu un hérisson à l’intérieur de ce logis… Comme nous l’a dit un enfant : "Faudrait peut-être penser à baisser le loyer"…

En tout cas, le hérisson fréquente toujours le parc. Un tunnel à empreintes a été posé par le CPN la veille en fin d’après-midi. Résultat : un hérisson est bien venu cette nuit.

Traces de hérisson, parc du château Dodo, 25.6.2025 (photo : Laurent Dobremez)

 Pour clore la séance, nous avions prévu un temps de bricolage : avec des bouts de laine nous avons proposé de confectionner des hérissons-pompons, de façon à ce que chaque enfant puisse repartir avec un petit souvenir. Tout le monde, adultes et enfants, s’est mis avec entrain à la confection des pompons (les épines du hérisson), laissant parfois libre cours à l’imagination dans le choix des laines. Merci à Marie-José qui a dégotté ce bricolage artisanal dans la revue Pomme d’Api (n°684, de février 2023) (https://www.pommedapi.com/activites-enfants-3-7-ans/bricolage-les-herissons-pompons).

Un atelier collectif : la confection des hérissons-pompons (photos : Nathalie Hoc-Tarrajat et Laurent Dobremez)

Chaque enfant a pu repartir avec son hérisson-pompon (photo : Laurent Dobremez)


Au final, après ces découvertes, une matinée bien remplie !

Laurent, Eric et Nathalie

Remerciements

Au cours de ces quatre séances, nous tenons à remercier tout particulièrement :
* les enfants du centre de loisirs et les valeureux animateurs du Secteur enfance-jeunesse : Charlotte, Guilène, Axel et Jean-Lucas, stagiaire.
* Sauria Draoui, responsable du service enfance-jeunesse au centre de loisirs de Domène.
* Bernard Chaix, pour son accueil et qui a installé des nichoirs à hirondelles et martinets : à lui seul, il accueille sous le toit de sa maison 30% des couples d’hirondelles de fenêtre de la commune !
* les bénévoles du CPN Curieux de Nature qui ont assuré les animations : Benoît, Eric, Laurent, Marianne, Marion et Nathalie.

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