Nouvelles photos mystères ou insolites (14)

 
Voici de nouvelles photos prises à Domène, au Versoud ou dans les environs.

Photo 1 : on voit ces fleurs un peu partout en ce moment (terrains plus ou moins en friches, talus et bords des chemins). Elles sont une aubaine appréciée des abeilles en raison de leur floraison tardive (septembre-octobre). Mais quelles sont ces plantes ?

Domène, octobre 2025 (photo : Laurent Dobremez)

Photo 2 : Pour trouver le nom de cet animal à quatre pattes, il faut d’abord le repérer sur la photo. On associe ainsi la photo mystère au jeu Où est Charlie ? 

Apprieu, septembre 2025 (photo : Valérie Dobremez)

Photo 3 : Pour identifier cette petite bête, il faut peut-être un coup de main. Il s’agit d’une syrphe, de la famille des diptères (les mouches, moustiques et autres taons). Les diptères ont une seule paire d’ailes leur permettant de voler, l’autre paire étant réduite à des balanciers. Donc c’est une syrphe, oui, mais laquelle ? Une clé de détermination très bien faite est disponible sur le lien suivant : Clé Syrphes de Belgique et des Pays-Bas

Alors suivez le cheminement proposé et envoyez-nous votre réponse !

Gorges d’Alloix (photo : Benoît d’Halluin)

Enfin, une photo insolite : originaire de Chine, ce bel arbre aux mouchoirs (Davidia involucrata) se trouve à l’arboretum Ruffier-Lanche sur le Domaine universitaire (près du Laboratoire d’écologie alpine). Ses fleurs possèdent de grandes bractées blanches très décoratives. Il mesure 2 mètres de circonférence et il serait l’un des plus gros de France (source : LIEN têtards arboricoles Isère). Mais cette photo date de quelques années et Françoise, qui a réalisé cette belle photo, ne sait pas si cet arbre existe toujours. Pourriez-vous nous donner cette information ?

Arbre aux mouchoirs, Domaine universitaire, Gières (photo : Françoise Suarez)

A vous de jouer ! Envoyez vos propositions en mode commentaire ou sur notre messagerie : cpncurieuxdenature@gmail.com.

Laurent


Les réponses aux photos mystères (13)

 Voici les réponses aux photos mystères publiées en septembre dans notre blog.

Photo 1 : Vu sous cet angle, il n’était pas si facile d’identifier cet oiseau. Mais, comme le note un lecteur anonyme dans son commentaire, "l’oiseau est sur un arbre et cela semble bien son élément". Le front clair et la calotte noire sont nets et on devine aussi un long bec pointu. Ces caractères suffisent pour identifier le pic épeiche (car les autres pics, syriaque et à dos blanc, présentant des caractères analogues ne sont pas présents en Isère ; quant au gobemouche noir, d’allure différente, il n’aurait pas de taches noires à la base du cou).
Evidemment, avec la photo ci-dessous du même oiseau prise quelques instants plus tard, il était plus aisé de reconnaître le pic épeiche. Ici, il s’agit d’une femelle adulte (absence de tache rouge à l’arrière de la tête).

Pic épeiche femelle (photo : Benoît d’Halluin)

Le pic épeiche a besoin des arbres : il y trouve sa nourriture, il y établit son nid. Comme tous les pics, c’est un oiseau solitaire et assez individualiste. Ce n'est que pour la reproduction au printemps qu'il recherche et tolère un partenaire, le temps de mener à bien une nichée unique. Ensuite chacun repart à sa solitude. Le pic épeiche a un régime alimentaire très varié. À la belle saison, la part animale prédomine. Il recherche activement les larves xylophages d'insectes tels que les longicornes ou les scolytes qu'il extirpe du bois avec son bec et sa langue. Il s'attaque aussi aux fourmilières et capture une très grande variété d'insectes et leurs larves, comme les chenilles de lépidoptères. Il peut s'attaquer occasionnellement aux couvées ou aux nichées d’autres espèces cavernicoles comme les mésanges. À la mauvaise saison, tout en restant insectivore par le biais des larves du bois, il devient nettement granivore, recherchant les grosses graines riches en lipides comme les graines de conifères, les faînes, les graines de charme, les noix et les noisettes et, sur les points de nourrissage, les graines de tournesol (source : https://www.oiseaux.net/).

Photo 2 : L’indice proposait de s’intéresser à la feuille : elle est de forme allongée et les bords sont dentés, ce qui oriente le choix vers un orme (mais il est vrai qu’on ne voit pas sur la photo la dissymétrie à la base de la feuille). Et l’insecte qui semble se régaler de ses feuilles et qui lui est inféodé, c’est la galéruque de l’orme (Xanthogaleruca luteola) qui appartient à la famille des coléoptères et, plus précisément, aux chrysomèles (d’après Wikipédia, l'étymologie grecque du mot chrysomèle vient de chrysos "doré", et melolanthion "hanneton", signifiant littéralement "coléoptère doré").

Galéruque de l’orme – Parc du peuple de l’herbe à Carrières-sous-Poissy (photo : Gilles Carcassès)
Comme le souligne Gilles Carcassès dans son blog (BLOG Gilles Carcassès), "la larve de cette espèce broute le dessous des feuilles en épargnant les nervures et l’épiderme supérieur. D’autres galéruques, comme celle de l’aulne, font de semblables dégâts : les adultes trouent les feuilles et les larves en font de la dentelle. [La galéruque de l’orme] est une espèce connue pour ses pullulations cycliques. Lorsque les populations de cette galéruque sont très importantes, les ormes défeuillés se trouvent affaiblis. Ils sont alors plus sensibles aux attaques des scolytes. Ceux-ci en mordant les branches de l’arbre favorisent les infestations par le champignon responsable de la graphiose. C’est lui qui fait mourir les ormes".


Photo 3 : cet arbre magnifique est un ginkgo biloba, appelé aussi arbre aux quarante écus. On comprend pourquoi quand on voit la couleur des feuilles à l’automne. Quant au qualificatif "biloba" (deux lobes), il est clair quand on regarde le détail d’une feuille sur la photo ci-dessous (ces feuilles en forme de palmes, regroupées en petits bouquets, n'ont pas de nervure centrale et présentent généralement deux lobes distincts).

Feuilles de ginkgo biloba (photo : Benoît d’Halluin)

Ce ginkgo, photographié par Françoise Suarez (merci !), fait partie des arbres remarquables de l’Isère. Il serait le n°1 du département de l’Isère avec 4 mètres de circonférence et ses branches très rectilignes : il se trouve aux anciennes pépinières Ginet à Gières et est bien visible au bord de la route du Docteur Valois (LIEN). Il s’agit d’un pied mâle car le ginkgo est un arbre dioïque. Le ginkgo, qui fait partie des gymnospermes (comme les résineux), est un arbre très original : dernier représentant d'une famille apparue il y a plus de 270 millions d'années (et qui a connu les dinosaures !), le Ginkgo biloba peut vivre plus de 1 000 ans (LIEN MNHN).

A bientôt pour un nouvel article de photos mystères et insolites,

Laurent

Sortie à l'écoute du Brame du Cerf dans le massif de la Lauzière (Savoie)

Nous étions 7, ce samedi 27 septembre 2025, pour nous rendre en covoiturage à Celliers (1300 m d’altitude) dans le massif de la Lauzière, proche du Col de la Madeleine (Savoie). Notre objectif était d’écouter le brame du cerf, voire d’en apercevoir.

Ce site a été choisi pour son accessibilité et pour la possibilité d’acheter directement auprès des producteurs locaux du fromage de brebis à la bergerie du Pachu et de chèvre chez Nils et Léa. Voir notre précèdent article:

https://cpncurieuxdenature.blogspot.com/2022/10/escapade-en-savoie-lecoute-du-brame_8.html

Le troupeau de chèvres de Nils et Léa gardé par son patou

À peine arrivés, nous entendons au loin le brame d’un ou plusieurs cerfs. Dans le hameau, un rouge-queue noir lance fièrement son chant d’automne. Des dizaines d'hirondelles virevoltent au-dessus de nous. 

Pour obtenir une meilleure vue sur la vallée, nous montons en voiture par une route étroite et sinueuse jusqu’au refuge Le Logis des Fées à 1 800 m d’altitude. Le temps s’est rapidement couvert. En attendant que les nuages se dissipent, nous partageons un pique-nique. Nous croisons et échangeons quelques mots avec un groupe du CEN Savoie en séminaire. Ils nous apprennent que le site Natura 2000 de la Lauzière est désormais géré directement par la région Auvergne-Rhône-Alpes en tant que site régional emblématique. Soudain, Anne remarque une masse gigantesque qui émerge du brouillard. Vautour ou aigle royal, l’observation est hélas trop fugace pour nous fournir une certitude. 

Sur le chemin, un criquet très sombre mais aux ailes rouges. Probablement, le mâle du criquet stridulant, courant en montagne. 

Les nuages persistants nous privent d'une vue sur les sommets environnants. Nous décidons de redescendre légèrement afin de trouver un point d’observation plus dégagé, une vallée alpine ouverte où s'écoule le torrent du Bridan. Les alpages se couvrent de teintes rouges et brunes magnifiques. L'eau ruisselle partout.

Nous observons longuement deux chamois, une femelle et un jeune de l’année. Deux grands corbeaux passent également au dessus de nous.

Les deux grands corbeaux

Poste d'observation près du torrent du Bridan

Les deux chamois sur le versant nord de la Roche
La longue vue nous permettra de les observer de près. 

Nous rejoignons Celliers à 1300 m altitude pour nous poster près du cimetière, un emplacement privilégié offrant une vue dégagée sur le versant sauvage d’où provenaient les brames entendus plus tôt.

Poste d'Observation de Celliers

Vue sur le versant opposé "La Rochette" où se trouvent les cerfs

Nous avons sorti nos jumelles, installé les longues-vues et les sièges afin d’être prêts à repérer un cerf ou une biche. 

Un mâle brame en face de nous, très légèrement en dessous, caché par l’épaisse canopée de la forêt. Il ne bouge pas et lance régulièrement son cri rauque, parfois un brame plus long. Plus en aval, un autre se fait entendre de temps en temps. Enfin, un troisième, un peu plus en amont se manifeste aussi. Loin des images sensationnelles des reportages, le brame est aussi une affaire d’endurance qui dure trois à quatre semaines. Les animaux se jaugent à distance, sans se voir, chacun tenant sa place. L’excitation de leur brame est variable, parfois alterné, parfois simultané, parfois ponctué de longues minutes de silence. Nous les chercherons à découvert en vain.

Le temps passe. 

Notre attention est attirée, ici par un syrphe de montagne, peut-être un Chrysotoxum intermedium, se délectant de sucre sur le doigt de Marion, ici par une sauterelle saisie par Eric, un Pholidoptère cendrée (Pholidoptera griseaptera), présent surtout en lisières de forêt et buissons.

La syrphe

Malgré sa ressemblance, la syrphe est de la famille des diptères (comme les mouches) et non pas des hyménoptères (comme les abeilles ou les guêpes).

Sauterelle brune (pattes postérieures et antennes très longues)

Grâce à la longue-vue, nous repérons aussi un rapace sur le haut d’un épicéa. Son apparence comme son attitude étaient celles d’une buse variable mais nous n'avons pu voir que son dos et sa queue. 

Rapace posé (buse variable ?)

La fraicheur envahit à nouveau le fond de vallée et nous saisit. Quelques lueurs de lumière ravivent encore le versant opposé. Une tache rousse se détache. C’est une biche qui vient de sortir du couvert pour brouter en toute quiétude. Une autre, plus brune, sera aussi observée plus loin. Un beau cadeau pour conclure cette sortie nature.

La biche

A proximité des voitures, de très belles amanites tue-mouche ponctuent la prairie de leurs couleurs fatales. 

Merci à Françoise, Marion, Anne et Franck, Annick et Jean-Claude, Eric pour leur participation.

Marion et Eric

Photos: Marion Banon, Eric Posak